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Définitions

Brève définition des termes pour donner le cadre de leur portée théorique et disciplinaire.

Citations

Citations d’auteurs proposant des éléments de définition faisant consensus et provenant de sources bibliographiques.

Perspectives

Textes rédigés par des chercheurs/artistes à partir de l’expérience de leur terrain d’étude.

Bibliographie

Sources bibliographiques prolongeant les citations.

Définition

Le corps est la structure physique d’un être vivant, une matière biologique dont il faut noter qu’elle évolue au sein d’un environnement socio-culturel qui participe de sa constitution.

Pour citer : « Corps », Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177813

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Date de création : 2021-06-14.

Dernière modification : 2022-06-29.

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Perspective

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Bibliographie

« Ainsi, en dépit ou par delà les différences d'approches, des philosophes et des esthéticiens contemporains s'accordent pour subvertir radicalement la catégorie traditionnelle de ‘corps’ et nous en proposer une vision nouvelle à la fois plurielle, dynamique et aléatoire comme réseau d'un jeu chiasmatique instable de forces intensives ou de vecteurs hétérogènes. Pour désigner la malléabilité énergétique et formelle tout autant que la contingence d'un tel réseau, il m'a paru donc nécessaire d'avoir recours au vocable plus abstrait et générique de ‘corporéité’. […] La corporéité ne connaît ainsi plus aucune limite : non seulement, comme le dit Bergson, ‘elle va jusqu'aux étoiles’, mais, selon le mot de Valéry, elle se déploie dans ‘l'infini esthétique’ de notre pouvoir de sentir. »

Michel Bernard, « De la corporéité fictionnaire », Revenue internationale de philosophie, 222, 4, 2002, pp.527, 534, [en ligne] : https://www.cairn.info/revue-internationale-de-philosophie-2002-4-page-523.htm (05/05/21)


« Sans le corps qui lui donne un visage, l’homme ne serait pas. Vivre, c’est réduire continuellement le monde à son corps à travers la symbolique qu’il incarne. L’existence de l’homme est corporelle. Et le traitement social et culturel dont celui-ci est l’objet, les images qui en disent l’épaisseur cachée, les valeurs qui le distinguent nous parlent de la personne et des variations que sa définition et ses modes d’existence connaissent d’une société à une autre. Parce qu’il est au cœur de l’action individuelle et collective, au cœur du symbolisme social, le corps est un analyseur d’une grande portée pour une meilleure saisie du présent. »

David Le Breton, « Introduction », in La sociologie du corps, Paris : PUF, 2018 [1992], pp.3-5


« Car la corporalité réelle passe aujourd’hui par des états extrêmes pour lesquels le cyberspace peut s’offrir comme une voie possible de libération symbolique de la chair, en proposant des corps de substitution, des avatars, des métamorphoses numériques illimitées, la réincarnation virtuelle dirait-on. Le corps peut devenir l’image et l’image prend corps. »

Isabella Pluta, L’acteur et l’intermédialité. Les nouveaux enjeux pour l’interprète et la scène à l’ère technologique, Lausanne : L’Age d’Homme, 2011, p.49

Études circassiennes
Lucie Bonnet, Univ. Grenoble Alpes, CNRS, Litt&Arts, 38000 Grenoble, France

Je m’appelle Lucie Bonnet et suis actuellement en première année de doctorat en arts de la scène à l’Université Grenoble Alpes. Le milieu artistique duquel je suis issue et qui constitue le cœur de mes recherches est le cirque. Au regard de mes pratiques corporelles et scientifiques, cette contribution vise à illustrer la notion de corps.

L’approche de ce terme est personnelle, il convient donc de préciser que la première fois que j’ai rencontré corps est naturellement le jour où j’ai pris conscience que j’en possédais un. Cette visibilisation et exploration du corps s’est faite au travers de ce que j’ai nommé plus tôt mes « pratiques corporelles ». J’entends par cela, toute activité physique qui nécessite l’engagement de corps et qui contribue à la construction et compréhension de « mon corps ». Indéniablement, le cirque représente le terrain d’exploration, de mise au défi et de reconnaissance de mon corps. La littérature qui m’a permis d’approfondir ce terme est celle d’un autre corps : l’agrès. En effet, l’accès à la notion de corps n’a pu se faire, pour moi, que grâce au soutien et à la présence de l’agrès. D’abord, trapèze, puis tissus, ce matériel circassien a revêtu plusieurs formes avant que la connexion s’établisse avec la corde verticale : cette forme d’écriture en volume dont l’usure du tressage raconte en miroir ce que mon corps a traversé pour s’affirmer en tant que tel. Dans ce voyage d’un corps invisible à un corps sensible, la douleur est devenue l’outil permettant de découvrir les limites de ce corps, et finalement, ses capacités.

Cette expérience de terrain m’est apparue avec beaucoup de clarté en intégrant le domaine scientifique. Autrefois terrain d’exploration et de sensations, « corps » est devenu outil d’analyse et de compréhension. Il est celui par lequel j’observe, je capte et je comprends ce qui s’offre à moi dans le suivi de créations circassiennes. Je m’initie alors à d’autres gestes, d’autres agrès, d’autres découvertes, et mon corps s’en trouve déplacé, questionné et enrichi. Par ce qui est nommé « lecture acrobatique » 1 ou empathie kinesthésique, le corps, avec tout son bagage de gesticulations, déconstruit l’image d’une recherche théorique figée, froide et désincarnée.

Ma recherche et mon corps s’alignent dans le positionnement que je revendique : celui d’une chercheuse-circassienne, cordéliste amateure, s’interrogeant encore sur ce que corps regroupe, raconte, transforme. Corps n’est pas l’objet de mes recherches : il en est le sujet, le partenaire, l’outil et l’origine. La notion de « corps » doit être étudiée par le biais de tous les domaines qu’elle convoque (biologie, philosophie, sémiologie, linguistique, etc.), mais elle doit d’abord être regardée depuis l’expérience que chacun en possède et vécue par des pratiques expérientielles, car, aussi différent soit-il, quoi de plus commun que le corps ?

1 Marion Guyez. « Hybridation de l’acrobatie et du texte sur les scènes circassiennes contemporaines : dramaturgie, fiction et représentations ». Musique, musicologie et arts de la scène. Université Toulouse le Mirail - Toulouse II, 2017.

Pour citer : Lucie Bonnet, « Corps », Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177813

Gilles Boëtsch, Bernard Andrieu, Le dictionnaire du corps en sciences Humaines et sociales, Paris : CNRS Editions, 2018 [2006]

Jacques Cosnier, Le dictionnaire du corps en sciences humaines et sociales, Bernard Andrieu (dir.), Paris : CNRS Editions, 2006

Mabel Elsworth Todd, Le corps pensant, traduit par Élise Argaud et Denise Luccioni, Bruxelles : Contredanse, 2012 [1937]

Josette Féral, L’acteur face aux écrans. Corps en scène, Paris : L’Entretemps, 2018

Umberto Galimberti, Les raisons du corps, traduit par Marilène Raiola, Paris : Grasset, 1998

Chantal Jaquet, Le corps, Paris : Presses Universitaires de France, 2001

Michel Serres, Variations sur le corps, France, Paris : Le Pommier, 2002 [1999]