Mouvement Movement

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Bibliographie

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Définition

Déplacement d’un corps dans l’espace par rapport à un ou des repères. Il peut concerner des entités de natures différentes et peut se concevoir parmi les échelles emboîtées du corps et de ses parties, de l’individu comme du groupe et de son contexte physique et culturel. Un mouvement peut selon le cadre de référence et la méthodologie employée se prêter à une description qualitative comme quantitative, et jusqu’à une modélisation permettant d’en enregistrer, mesurer ou reproduire les caractéristiques.

Pour citer : « Mouvement », Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177563

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Date de création : 2021-06-08.

Dernière modification : 2025-02-11.

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Bibliographie

« Movement is not the bodily expression of the subject of dance; movement is created as an object in itself that engages bones, muscles, ligaments, nerves, and other body parts of the dancer in strictly physical activity. »

Bojana Cvejić, Choreographing Problems. Expressive Concepts in European Contemporary Dance and Performance, Farnham : Palgrave Macmillan, 2015, p.19


« Various terms are used to describe the three mutually perpendicular intersecting planes in which many, although not all, joint movements occur. The common point of intersection of these three planes is most conveniently defined as either the centre of the joint being studied or the centre of mass of the whole human body. In the latter case, the planes are known as cardinal planes – the sagittal, frontal and horizontal planes […] Movements at the joints of the human musculoskeletal system are mainly rotational and take place about a line perpendicular to the plane in which they occur. This line is known as an axis of rotation. Three axes – the sagittal, frontal and vertical (longitudinal) – can be defined by the intersection of pairs of the planes of movement. The main movements about these three axes for a particular joint are flexion and extension about the frontal axis, abduction and adduction about the sagittal axis, and medial and lateral (internal and external) rotation about the vertical (longitudinal) axes. »

Roger Barlett, Introduction to Sports Biomechanics: Analysing Human Movement Patterns, Oxon : Taylor & Francis, 2007, p.3


« Notez d’abord que le mouvement est la transition d’une attitude à une autre.

Cette simple remarque qui a l’air d’un truisme est, à vrai dire, la clé du mystère.

Vous avez lu certainement dans Ovide comment Daphné est transformée en laurier et Progné en hirondelle. Le charmant écrivain montre le corps de l’une se couvrant d’écorce et de feuilles, les membres de l’autre se revêtant de plumes, de sorte qu’en chacune d’elles on voit encore la femme qu’elle va cesser d’être et l’arbuste ou l’oiseau qu’elle va devenir. Vous vous rappelez aussi comment dans l’Enfer du Dante, un serpent se plaquant contre le corps d’un damné se convertit lui-même en homme tandis que l’homme se change en reptile. Le grand poète décrit si ingénieusement cette scène qu’en chacun de ces deux êtres, l’on suit la lutte des deux natures qui s’envahissent progressivement et se suppléent l’une l’autre.

C’est en somme une métamorphose de ce genre qu’exécute le peintre ou le sculpteur en faisant mouvoir ses personnages. Il figure le passage d’une pose à une autre : il indique comment insensiblement la première glisse à la seconde. Dans son œuvre, on discerne encore une partie de ce qui fut et l’on découvre en partie ce qui va être.  [...] C’est là tout le secret des gestes que l’art interprète. Le statuaire contraint, pour ainsi dire, le spectateur à suivre le développement d’un acte à travers un personnage. »

Auguste Rodin, « Le mouvement dans l’Art », in L’Art, entretiens réunis par Paul Gsell, Paris : Grasset, 1911, p.77-79

Géographie
Felix de Montety, Univ. Grenoble Alpes, CNRS, Sciences Po Grenoble, PACTE, 38000 Grenoble, France

Mes recherches portent sur l’épistémologie et l’histoire de la géographie en Europe. Je m’intéresse en particulier aux enjeux linguistiques et de traduction, ainsi qu’à l’apport des approches narratives, sensibles ou non-représentationnelles à la géographie contemporaine.

Le mouvement, dans le langage commun et pour beaucoup des sciences humaines, c’est l’évolution de la position d’un objet dans l’espace. La géographie, entre autres disciplines, se distinguerait par la diversité des échelles auxquelles elle envisagerait cette évolution : celle de l’ample mouvement des planètes et corps astraux qui structure la vie terrestre, celle des mouvements perçus comme infinitésimaux et pourtant inexorables des sols qui définissent la géologie de notre planète, celle des mouvements ordinaires de l’eau et de l’air dont les cycles fondamentaux permettent la persistance de la vie, et enfin et peut-être surtout, toutes les échelles des mouvements propres au rythme et à la respatialisation permanente des activités humaines.

Suivant ce fil, je dois bien admettre qu’alors que les détours de mon parcours de jeune chercheur m’ont invité souvent à explorer des aspects de la généalogie de la notion de mouvement en géographie, celle-ci m’était restée jusqu’alors un impensé, comme une évidence implicite dont l’exploration m’aurait forcé à me déplacer vers les terrains moins familiers de la terminologie ou de la philosophie.

En me plaçant sur les traces de la notion de « route de la soie » dans la géographie européenne au XIXème siècle et en cherchant à spatialiser l’étude de la variation des langues en Asie centrale, en enquêtant comme assistant de recherche dans le métro parisien, tout comme en travaillant pour une revue de danse et spectacle vivant comme traducteur et avec des jeunes migrants comme enseignant, c’était bien néanmoins toujours du mouvement qu’il s’agissait.

La propension des humains à développer leur vie en un lieu donné ou au contraire à poursuivre une histoire de déplacements apparaît depuis Hérodote, Strabon et les Anciens comme une des pierres de touche du discours géographique. L’évolution contemporaine des cultures épistémiques a vu disparaître les grandes théories du XIXème siècle sur la « circulation », notion qui embrassait chez les géographes allemands comme Friedrich Ratzel ou Ferdinand von Richthofen à la fois les grands déplacements antiques des peuples et les mouvements de marchandises et de personnes stimulés par la colonisation européenne du monde et la révolution industrielle. La géographie humaine leur préfère nettement depuis la seconde partie du XXème siècle l’étude quantitative et qualitative du transport et ses réseaux, des « mobilités » ordinaires appréhendées dans des emboîtements d’échelles fines et celle des migrations que l’on constate à la fois intégrées et exclues du système international mondialisé contemporain. Un projet récent m’a par exemple conduit à me pencher à l’aide de données statistiques sur la grande variété des flux traversant les frontières françaises aujourd’hui, y compris les flux de marchandises, les déplacements quotidiens des populations frontalières, et les flux de touristes dont l’analyse spatiale s’inscrit aujourd’hui dans la continuité de la pensée géographique moderne sur le mouvement.

Ce qu’il me semble y avoir d’étrangement évasif dans cette notion au sein d’une discipline où elle est pourtant omniprésente ne manque jamais de stimuler alors que de nouvelles approches revitalisent celle-ci avec l’émergence et l’institutionnalisation du practical turn et du performative turn depuis trois décennies.

Si l’attrait de la question performative est si manifeste parmi les géographes, jusque dans le nombre d’entre nous au sein du Performance Lab, ce n’est peut-être pas tant du fait d’une sensibilité esthétique que parce que l’étude des performances nous permet de nous interroger conjointement sur les actions, gestes et mouvements extra-ordinaires de la création et sur les actions, gestes et mouvements ordinaires des espaces vécus au quotidien. Au passage, c’est le mouvement des géographes lui-même que les travaux de Nigel Thrift notamment nous invite à interroger. En l’appréhendant de façon holistique comme phénomène spatial et social et comme implicite de la pratique scientifique, l’étude performative des faits et méthodes géographiques replace à mon sens de façon particulièrement pertinente le mouvement au cœur des grandes et petites questions spatiales qui font continuité dans les héritages de notre discipline.

Pour prolonger :

Felix de Montety, « La Route de la Soie : Imaginaires géographiques », in Asie centrale. Transferts culturels le long de la Route de la Soie, Michel Espagne, Svetlana Gorshenina et al. dirs., Paris : Vendémiaire, 2016, pp.405-418

Pour citer : Felix de Montety, « Mouvement », Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177563

John Martin, The Dance in Theory, Princeton : Princeton Book Company, 1989 [1939]

Noé Soulier, Actions, mouvements et gestes, Pantin : Centre national de la danse, 2016

Alain Tarrius, Anthropologie du mouvement, Caen : Paradigme, 1989