Arts contemporains
Inge Linder-Gaillard, Directrice artistique et pédagogique, ESADMM, France
Historienne de l’art de formation d’origine américaine, j’étudie, travaille, fais de la recherche en art contemporain depuis près de trente ans. Au Magasin – Centre national d’art contemporain de Grenoble, où j’ai été responsable des expositions, les performances pouvaient faire partie du programme que l’équipe mettait en œuvre avec les artistes. À l’Université Pierre Mendès France à Grenoble, où j’enseignais l’histoire de la performance, on se penchait sur ses multiples incarnations à travers le XXe siècle pour l’examiner. À l’École Supérieure d’Art et Design •Grenoble •Valence où j'étais directrice du site de Grenoble, les performances se déploient de manière expérimentale dans un environnement à fois encadré et libre. Ce terme est à lire à la suite de celui de la « performance ». Dans mes recherches personnelles, je me suis intéressée en particulier à l’œuvre de l’artiste Gina Pane.
Depuis plus d’un siècle, (voire plus selon certaines analyses), les artistes plasticien.n.es mobilisent le corps humain, matière première d’une performance, pour penser et produire des œuvres d’une diversité́ vertigineuse. Une performeuse ou performeur est une personne qui participe à une performance. Cette personne peut être à l’origine de la performance ou pas ; l’avoir conçue et/ou produite ou pas. De mon champ de recherche en arts plastiques, à priori un.e artiste propose, ou des artistes proposent, une performance à entreprendre. La personne ou les personnes qui exécutent la performance peuvent inclure cet artiste (ou ces artistes) ou pas ; et peuvent être considérée.s comme des performeuses ou performeurs qu’elles ou ils soient artistes ou pas. Quand des artistes sollicitent d’autres personnes pour participer à leur performance, ces personnes peuvent avoir des compétences ou qualités spécifiques qui font qu’elles ou ils sont selectionné.e.s à participer, ou justement ne pas en avoir et c’est cette « incompétence » qui fait qu’ils ou elles soient selectionné.e.s. De la même façon, la question d’être un.e « professionl.le » ou un « amateur » peut se poser ou pas. La personne peut avoir à performer tous les jours, de manière régulière ou seulement une seule fois dans sa vie.
Une performeuse ou performeur a un corps. Ce corps peut-être au cœur de la performance, un sujet en soi, ou pas ; se faire discret ou prendre toute la place. Il peut être amené à se mouvoir, rester statique, interagir avec d’autres ou pas.
Comme pour le terme « performance » qui résiste à une définition succincte et arrêtée, la description d’une performeuse ou d’un performeur est également à « customiser » au cas par cas chaque fois.
Au sein de mes propres recherches, je me suis penché en particulier sur le travail de Gina Pane, artiste plasticienne qui rejetait le mot « performance », et donc forcément performeuse quant à son propre travail, pour privilégier le mot Action pour nommer son travail performatif (voir aussi l’entrée du mot action du glossaire). Pour autant, Pane ne se décrivait pas comme une actionniste, mot qui avait une tout autre connotation, étant lié aux actionnistes/actionnisme viennois (principalement Günter Brus, Otto Muehl, Hermann Nitsch, Rudolf Schwarzkogler) regroupement d’artistes contemporain de la période de pratique de Pane, et que certains récits historiques ont essayé de relier à elle. Mais ce serait faire un amalgame malencontreux que de les mettre ensemble ; à mieux analyser leur travail respectif, on réalise que les différences entre eux sont significatives.
Pour citer : Inge Linder-Gaillard, « Performeuse / Performeur », Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177865
