In situ In situ/Site specific

— Légende

Définitions

Brève définition des termes pour donner le cadre de leur portée théorique et disciplinaire.

Citations

Citations d’auteurs proposant des éléments de définition faisant consensus et provenant de sources bibliographiques.

Perspectives

Textes rédigés par des chercheurs/artistes à partir de l’expérience de leur terrain d’étude.

Bibliographie

Sources bibliographiques prolongeant les citations.

Définition

Terme qui caractérise un processus de recherche ou de création mené sur un territoire spécifique et qui porte sur celui-ci. Si les processus in situ s’adaptent continuellement aux contextes qu’ils investissent, certains sont nomades tandis que d’autres sont attachés à un lieu spécifique. On parlera alors de performances ou de recherches spécifiques à un site (site-specific).

Pour citer : « In situ », Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177837

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Date de création : 2021-06-14.

Dernière modification : 2022-06-29.

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Bibliographie

« When the theatre is ‘beside itself’, outside of its traditional, closed and institutional place, when it overflows into the street or into any framework not specifically created for it, it is site-specific, that is to say: in situ. Then it is conceived, not as a place to be filled, a task to be accomplished, but as an experiment that sets out from the concrete conditions of the place. This place is not just the framework and starting point of the mise en scène, but the matter and the goal of its art. It is not just the idea that a mise en scène needs to be adapted to the place where it is performed, but that the performance needs to be created from the specific conditions of its production.

In situ performance cannot be transposed, it renounces all universality, it focuses on local conditions, it uses local talent, the genius of the place, and audience expectations. The site, its exact setting, endows the situation and the potential texts with an intimate, immediate and responsive force that would go unnoticed in a commoditized space. Sometimes, but not always, the audience is invited to move along a more or less clearly indicated route, to follow the path of a ‘promenade performance’, it is led to follow the artists down the streets and into the most unusual places. »

Patrice Pavis, The Routledge Dictionary of Performance and Contemporary Theatre, traduit par Andrew Brown, Londres : Routledge, p.228

Études théâtrales
Séverine Ruset, Univ. Grenoble Alpes, CNRS, Litt&Arts, 38000 Grenoble, France

Enseignante-chercheuse en arts de la scène, je travaille sur la création scénique contemporaine en France et en Angleterre. J’articule dans mes travaux l’étude des œuvres à celle de leurs contextes de production, avec une attention marquée pour les modes d’organisation interne qui sous-tendent leur création.

Dans le champ du spectacle vivant, les créations in situ sont des créations qui présentent la double particularité, d’une part de rencontrer leur public dans des lieux qui ne sont pas dédiés aux pratiques spectaculaires, et d’autre part de ne pas faire de ces lieux (qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, ruraux ou urbains, publics ou privés) de simples réceptacles des œuvres, mais de les prendre en compte dans la conception et/ou l’interprétation de ces dernières. Dans son acception la plus restreinte, l’in situ correspond à ce que les Anglo-Saxons désignent comme site-specific : il est indissociable de son contexte de production et ne peut être reproduit ailleurs. Le terme qualifie toutefois également des démarches compatibles avec une logique de tournée, qui, pour n’être pas inextricablement liées aux lieux au sein desquels elles prennent forme, n’en témoignent pas moins, selon des degrés et des modalités variables, d’une sensibilité accrue aux sites qu’elles investissent.

Une part de mes recherches en cours s’intéresse au renforcement récent de la présence de ces propositions dans les programmations des institutions du spectacle vivant français. Stimulée par l’injonction que les pouvoirs publics font à ces dernières d’accroître leur ancrage territorial et de se rapprocher des habitants, sinon d’aller à leurs devants, cette tendance devrait encore s’accroître à la faveur de la crise sanitaire de la covid 19, qui encourage les dispositifs hors-les-murs propices à la distanciation physique. Si la tendance profite entre autres aux créations rigoureusement attachées à leurs lieux d’origine, on constate que les institutions publiques déploient fréquemment ces créations strictement situées à la marge de leurs saisons artistiques, dans le cadre de leurs programmes d’action culturelle, où elles les valorisent essentiellement pour leur fonction sociale. Une inflexion s’observe cependant dans certains établissements artistiques, qui mettent en évidence la valeur non seulement sociale, mais également artistique, de ces créations, et leur accordent une place centrale dans des projets globalement très attentifs à leurs contextes1. Se pose alors entre autres la question de savoir comment le positionnement marqué de ces institutions en faveur de l’in situ s’accorde avec l’exigence de rayonnement, mais aussi de développement partenarial, de niveau national, voire international, que sont censés partager les établissements labellisés par le ministère de la Culture. Il importe toutefois de souligner que l’in situ n’est pas en soi incompatible avec une dynamique interterritoriale, ni plus globalement avec une ouverture vers l’ailleurs. En témoigne le projet … en Jumelle du chorégraphe Laurent Pichaud, qui propose des expériences artistiques situées en lien avec la question du jumelage. Actuellement développé dans l’agglomération grenobloise en association avec le CCN2, mais destiné à investir différents territoires, où il se déclinera de manière chaque fois singulière, il conjugue des créations arrimées aux sites avec lesquels le chorégraphe compose, et des échappées au lointain, tant imaginaires que physiques, tout l’enjeu du projet étant de faire entrer en résonance l’« ici et maintenant » révélé par la pratique in situ avec « l’ailleurs et maintenant » de villes et paysages jumelés.

1 C’est le cas par exemple du CCN2 – Centre Chorégraphique National de Grenoble et du CDCN Le Pacifique, qui accordent une place déterminante aux créations situées et autres démarches « de terrain », à l’examen desquelles est consacré le projet « Écouter le terrain : Pratiques chorégraphiques en partage » que je coordonne avec Gretchen Schiller.

Pour citer : Séverine Ruset, « In situ », Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177837

Anna Birch, Joanne Tompkins, Performing Site Specific Theatre. Politic, Place, Practice, New York : Palgrave MacMillan, 2012

Nick Kaye, Site-Specific Art: Performance, Place and Documentation, Londres : Routledge, 2000

Miwon Kwon, One Place After Another: Site-Specific Art and Locational Identity, Cambridge Ma. : MIT Press, 2002

Julie Perrin, « Habiter en danseur », in Du périmètre scénique en art : re/penser la Skéné, Christian Gaussen dir., Montpellier : École supérieure des Beaux Arts- Montpellier Agglomération, 2013, pp.8-19

Julie Perrin, « Questions pour une étude de la chorégraphie située : synthèse des travaux 2005-2018 », [Habilitation à Diriger des Recherches], Université de Lille, 2019, [en ligne] : https://hal-univ-paris8.archives-ouvertes.fr/tel-02208299v2/document

Gretchen Schiller, Sarah Rubidge dirs., Choreographic dwellings: practicing place, Basingstoke : Palgrave Macmillan, 2014