Approches phénoménologiques Phenomenological approaches

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Bibliographie

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Définition

Concrétisation des enseignements théoriques de la phénoménologie et philosophie consacrée à l’étude de l’expérience. Les approches phénoménologiques visent à réaliser des enquêtes qualitatives sur les phénomènes concernant l’expérience à la première personne, en adaptant leurs protocoles au domaine disciplinaire de référence.

Pour citer : « Approches phénoménologiques », Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177589

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Date de création : 2021-06-09.

Dernière modification : 2022-06-29.

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Bibliographie

« La phénoménologie, c'est l'étude des essences, et tous les problèmes, selon elle, reviennent à définir des essences : l'essence de la perception, l'essence de la conscience, par exemple. Mais la phénoménologie, c'est aussi une philosophie qui replace les essences dans l'existence et ne pense pas qu'on puisse comprendre l'homme et le monde autrement qu'à partir de leur « facticité ». C'est une philosophie transcendantale qui met en suspens pour les comprendre les affirmations de l'attitude naturelle, mais c'est aussi une philosophie pour laquelle le monde est toujours « déjà là » avant la réflexion, comme une présence inaliénable, et dont tout l'effort est de retrouver ce contact naïf avec le monde pour lui donner enfin un statut philosophique. C'est l'ambition d'une philosophie qui soit une « science exacte ». Mais c'est aussi un compte rendu de l'espace, du temps, du monde « vécus ». C'est l'essai d'une description directe de notre expérience telle qu'elle est, et sans aucun égard à sa genèse psychologique et aux explications causales que le savant, l'historien ou le sociologue peuvent en fournir […]. »

Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Paris : Gallimard, 1945, p.I


« A more positive character of the phenomenological approach is that it constitutes a determined attempt to enrich the world of our experience by bringing out hitherto neglected aspects of this experience. Besides, there may be an even deeper motive behind such an omnivorous desire for variety. It might be called: reverence for the phenomena. […] What distinguishes phenomenology from other methods is not so much any particular step it develops or adds to them but the spirit of philosophical reverence as the first and foremost norm of the philosophical enterprise. »

Herbert Spiegelberg, The Phenomenological Movement, Dordrecht : Kluwer Academic, 1994, p.717


« The method of phenomenology can get more specialized, depending on the kind of experience that is being studied. But these four steps are the basic ones:

(1) The epoché or suspension of the natural attitude.

(2) The phenomenological reduction, which attends to the correlation between the object of experience and the experience itself.

(3) The eidetic variation, which keys in on the essential or invariant aspects of this correlation.

(4) Intersubjective corroboration, which is concerned with replication and the degree to which the discovered structures are universal or at least sharable »

Shaun Gallagher, The phenomenological mind, an introduction to philosophy of mind and cognitive science, Londres : Routledge, 2008, p.28

Études en danse
Laura Fanouillet, Univ. Grenoble Alpes, CNRS, Litt&Arts, 38000 Grenoble, France

Danseuse et philosophe de formation, ma recherche doctorale interroge le caractère initiatique du training in situ, au sens d’une connaissance de soi et du monde révélée sur place, par l’effectuation du geste dansé. Dirigée par Renaud Barbaras lors de mes mémoires de recherche en philosophie contemporaine, j’ai été dès mes premières années universitaires saisie par les paroles de ce professeur spécialiste d’Edmund Husserl, de Maurice Merleau-Ponty et de Jan Patočka, dont les ouvrages font référence dans le champ de la phénoménologie. C’est donc sous le signe de l’influence que cette approche s’est immiscée dans ma propre pensée, jusqu’à devenir une manière de sentir et de percevoir, éclairant mon expérience de danseuse interprète. La phénoménologie, du grec « φαινόμενον », ce qui apparaît, se caractérise par un geste de l’esprit : celui de la suspension de l’approche naturaliste du monde ou de la croyance en la réalité extérieure. Ce geste nommé « épochè » par Husserl au début du XXe siècle n’a rien du doute – il n’est ni sceptique, ni cartésien. Il est une opération de réduction par laquelle nous accédons à l’apparition pure. Dissolvant le contour des choses, nous remontons alors au fondement de la relation intentionnelle dont nous faisons l’expérience : toujours conscients d’autre chose que soi.

Cette perpétuelle effraction de l’altérité au sein de nos propres vécus entraîne notre existence dans une qualité de présence attentive au moindre surgissement. C’est cette dimension-là qui me semble particulièrement pertinente dès lors que nous cherchons à décrire ou à transmettre l’expérience de l’acteur, du danseur ou du spectateur du point de vue de l’intériorité de ce qu’il éprouve comme de ce qui le traverse. Elle nous permet en effet d’inscrire l’expression du geste dans la corrélation immédiate d’un sujet et d’un monde, à la fois touchant et touché. D’un côté donc l’approche phénoménologique nous ouvre l’accès au spectacle vivant qu’est notre conscience et de l’autre, elle nous plonge dans le mouvement du corps qui est nôtre par le dialogue continu qu’il entretient avec d’autres corps. Ce sont ces deux aspects que je mobilise actuellement dans mes recherches doctorales pour étudier comment la pratique de la danse nous permet à la fois de ressentir physiquement l’environnement et d’approfondir notre propre nature.

En se situant au niveau de cet entrelacement originaire, chiasme ou entrelacs, l’inscription du sens dans le corps vécu est d’emblée reconnue. Elle permet d’écouter ou d’entendre ce qui se joue au niveau de la conscience sensible du mouvement et de redonner à l’espace-temps la malléabilité poreuse de ses dilatations et de ses resserrements. L’expérience kinesthésique du danseur peut dès lors être décrite comme la sensation des déplacements non seulement de son corps dans l’espace, mais de sa subjectivité dans le temps. Ce double mouvement m’a permis d’interroger l’in situ comme un phénomène où le corps et l’environnement se confondent, lorsqu’une image de nous-mêmes nous est renvoyée par une composante du paysage. Il m’a également menée à enquêter sur la pratique quotidienne de danseurs (Imre Thormann et José Suarez el Torombo dans le cadre de mon doctorat) ayant choisi de prendre leur propre vie pour studio – lieu où l’on apprend à apprendre.

Pour prolonger :

Guillaume Allardi, Laura Fanouillet, Le Corps ou le fruit de l’expérience, Paris, Larousse, coll. Philosopher, 2010

Pour citer : Laura Fanouillet, « Approches phénoménologiques », Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177589

Mary de Chesnay, Nursing Research Using Phenomenology, New York : Springer, 2015

Gloria Dall’Alba dir., Exploring Education Through Phenomenology. Diverse Approaches, Hoboken : Wiley-Blackwell, 2009

Sondra Fraleigh, « A Vulnerable Glance: Seeing Dance through Phenomenology », Dance Research Journal, 23, 1, 1991, pp.11-16

Amedeo Giorgi, The Descriptive Phenomenological Method in Psychology, Pittsburgh : Duquesne University Press, 2009

Daniel Johnston, Theatre and Phenomenology, Londres : Red Globe Press, 2017

John Paley, Phenomenology as Qualitative Research. A critical analysis of Meaning Attribution, Oxford : Routledge, 2018

Katharina Van Dyk, « Usages de la phénoménologie dans les études en danse », Recherches en danse, 1, 2014, [en ligne] : http://journals.openedition.org/danse/607 (09/06/21)

Phillip B. Zarrilli, « Toward a Phenomenological Model of the Actor's Embodied Modes of Experience », Theatre Journal, 56, 4, 2004, pp.653-666 [en ligne] : www.jstor.org/stable/25069533 (05/05/21)