« Participation is the activity of the spectator who, by taking part in the development of the stage or social event, leaves behind his or her supposedly passive status as a spectator. With the political theatre or the happening of the 1960s, participation was akin to a political intervention. […] Since the 1960s, art has become ever more participatory in its production and its reception, which both require the active intervention of the participants, even a ‘co-creation’. It is a thinly veiled threat: ‘participate, or else...’ Traditional categories of identification, admiration or communion are rejected in favour of a direct action on the part of the participants, as if this were a festival, a ceremony or ritual. In a festival, as previously noted by Jean-Jacques Rousseau, and nowadays in street theatre, the audience became participants. They participate in the event, and therefore they do not have the necessary distance they would have when faced with a representation. […] In a more contemporary version, related to the use of the Internet, the theatre of participation becomes interactive theatre, with the possibility that the spectator can respond by email, commenting on the progress of the performance. Participation does not always imply that the spectator is in physical interaction with others. In such cases, participation is then reduced to an individual, isolated, internal experience, one that no longer depends on a community and no longer accompanied by any sense of belonging. A cross-cultural comparison here would be illuminating: in Europe, participation is often internalized and integrated into the construction of meaning, reduced to a relational aesthetics; however, in Korea, audience participation often takes the form of an address of the actors to the audience, an improvisation with them, a good-natured exchange, reviving the old village performances. This is a matter of conventions, but also of cultural habits, involving the ability to speak out in public and the distinction between private and public spheres. »
Patrice Pavis, The Routledge Dictionary of Performance and Contemporary Theatre, Londres : Routledge, 2016, p.156
« Le terme « participatif » fait désormais florès dans le champ des pratiques théâtrales et interartistiques immédiatement contemporaines. Il qualifie des créations qui engendrent des reconfigurations singulières du rapport scène-salle et entraînent de nouvelles dynamiques relationnelles. Bien qu’elles puissent s’en inspirer, ces productions diffèrent des formes performatives précédemment évoquées, en premier lieu parce que l’individualisation des spectateurs prend le pas sur le collectif. »
Anyssa Kapelus, « De la « participation » au « participatif ». Evolution de la place du spectateur », Jeu. Revue de Théâtre, 147, 2013, p.61
« D’un point de vue politique, la participation est devenue un enjeu démocratique en ce qu’elle permet l’expression citoyenne. L’impératif participatif, comme « nouvelle grammaire de l’action publique » (Blondiaux et Sintomer, 2002), s’est imposé peu à peu aux responsables politiques afin de réduire le fossé entre gouvernants et gouvernés et tendre vers une plus grande efficacité dans la production et la gestion de l’action publique pour faire la preuve de sa légitimité. La participation des habitants, communément associée en France à la politique de la ville (notamment concernant l’aménagement du territoire et l’environnement), est promue dès le début des années 1980 (ibid., 2002). La consultation du citoyen est convoquée à travers de nombreux outils de gouvernance dont se sont aussi dotées les politiques publiques de la culture comme les assises, les états généraux, les comités de suivi, les conférences consultatives, etc. Ceux-ci se veulent des lieux d’échange avec le citoyen, dans une démarche ascendante, pragmatique et de proximité afin de construire des solutions convergentes et de produire du consensus. D’un point de vue culturel, la participation des citoyens prend une forme esthétique. À travers le développement de projets artistiques et culturels de territoire, on observe des modalités différentes de rencontre entre les habitants, les artistes et les acteurs du territoire mais, aussi, de nouveaux rapports entre l’art et la question sociale (Bordeaux et Liot, 2012) ».
Chloé Langeard, « Les projets artistiques et culturels de territoire. Sens et enjeux d’un nouvel instrument d’action publique », Informations sociales, 190, 4, 2015, pp.64-72, [en ligne] : https://doi.org/10.3917/inso.190.0064 (12/07/2021)
« La participation, c’est celle du spectateur, lequel, en prenant part à l’élaboration de l’événement scénique ou social, quitte justement son statut de spectateur soi-disant passif. Avec le théâtre politique ou le happening des années 1960, la participation est assimilée à une intervention politique. […] Dans une vision plus contemporaine, liée à l’usage d’Internet, le théâtre de participation devient théâtre interactif, avec la possibilité pour le spectateur d’intervenir par mail en commentant le déroulement du spectacle. La participation n’implique pas toujours que le spectateur soit en interaction physique avec les autres. Elle se réduit alors à une expérience individuelle, isolée, intérieure, qui ne dépend plus d’une communauté et ne s’accompagne plus alors d’un sentiment d’appartenance. »
Patrice Pavis, Dictionnaire de la performance, Paris : Armand Colin, 2014, pp.169-178